Des huiles essentielles dans la peinture à l'huile ?

Publié le par Phil Hip

 Quel rapport entre la peinture à l’huile et les huiles essentielles ? Et bien, il y en a ! Comme je l’ai découvert à ma grande surprise en lisant l’article publié sur cette page Internet (http://www.cyberlipid.org/perox/oxid0011.htm). Pour ceux qui ont du mal avec l’anglais et avec l’outil de traduction de Google, et que le sujet intéresse, voici mon essai de traduction.

« Les plus anciennes civilisations méditerranéennes, grecque, romaine ou égyptienne ont largement utilisé des techniques de peinture à base de mélanges d’encaustique (probablement riche en cire d'abeille), de pigments minéraux (fer, cuivre, oxydes de manganèse) et la tempera. Des huiles végétales, telles que celle de lin, de noix ou de graines de pavot étaient connues des anciens Egyptiens, des Grecs ou des Romains, mais aucune indication précise de leur utilisation dans la peinture n’a jamais été trouvée. La Tempera est un mélange fluide de liant (base organique), d'eau et d’additifs volatiles (huiles essentielles végétales). Les liants organiques utilisés par les artistes italiens étaient des matières protéiniques d'origine animale (œufs entiers, colles animales ou lait).

De la fin de l'empire romain et jusqu'à la Renaissance (15e siècle), cette technique ancienne fut perdue et remplacée par la peinture à l'huile et / ou la tempora. En Italie et en Grèce, l'huile d'olive a été utilisée pour préparer des mélanges de pigments, mais le temps de séchage est trop long et fastidieux. Cet inconvénient a mené un moine allemand, Theophilus, au 12ème siècle, à mettre en garde contre les recettes de peinture incluant l'huile d'olive (Schoedula Diversarum Artium). Il a aussi été rapporté que Aetius Amidenus, un auteur médical du 5ème siècle, mentionna l'utilisation d'une huile séchant comme un vernis sur les peintures. De même, il semble que l'huile de perilla a été utilisée au Japon dans la peinture après l'addition de plomb durant le 8ème siècle. Au 14ème siècle, Cennino Cennini présenta une procédé pictural associant une peinture à tempera recouverte de fines couches d’huile.

Selon Giorgio Vasari (1511-1574) dans ses "Vies des artistes" (Le vite de piu eccelenti Pittori, scultori e architetori, Firenze, 1550), la technique de la peinture à l'huile, encore utilisée de nos jours avec quelques modifications d'ordre technique, aurait été inventée ou réinventée en Europe autour de 1410 par Jan van Eyck (1390 -1441). Si en fait, comme déjà dit, ce peintre flamand ne fut pas le premier à utiliser la peinture à l'huile, son vrai succès fut le développement d'un vernis stable sur une base d'huile siccative (principalement l'huile de lin), plutôt qu’avec l’ancien liant de pigments minéraux. Il put être établi que le secret de Van Eyck consistait en un mélange de verre empilés, d’os calcinés et de pigments minéraux dans de l'huile de lin maintenue une longue période en un état visqueux à température d'ébullition. Outre l'huile de lin, huile de noix et huile de graines de pavot ont également été utilisées bien que d’un séchage moins rapide. Il est probable que les peintres ont observé que ces huiles ont conduit à accélérer le temps de séchage des toiles exposées au soleil. Il semble que Van Eyck ait gardé son secret jusqu'aux environs  de 1440, peu de temps avant sa mort.

Les historiens conviennent que le chef-d'oeuvre de Van Eyck, le portrait du mariage de Giovanni Arnolfini et de sa femme (National Gallery, Londres) peint en 1434, est l'un des premiers et le meilleur exemple de la nouvelle technique. Si les pigments sont les mêmes que ceux utilisés par les peintres italiens, l’huile siccative a augmenté la brillance, la translucidité et l'intensité des couleurs, comme si les pigments se trouvaient suspendus dans une couche d'huile qui aurait également pris au piège la lumière. L'effet d'optique obtenu par les couches successives de mélanges de pigments et d’huile explique l'aspect émaillé des œuvres de Van Eyck. Ces innovations dans le domaine des huiles produisit un art qui devint la norme durant une longue période, et qui n'a jamais été dépassé.

Après Van Eyck, Antonello da messina (1430-1479) introduisit une nouvelle amélioration technique. Il ajouta un oxyde de plomb (litharge) dans les mélanges de pigments et d’huiles afin d’augmenter leurs propriétés siccatives. La recette finale fut décrite par JLF Mérimé (De la peinture à l’huile, Paris, 1830) : « La préparation ressemble à du miel ou de la graisse à demi figée et porte le nom d'oglio cotto (huile cuite). C'est en effet de l'huile de noix cuite à feu doux et contenant en dissolution la plus grande proportion de litharge avec laquelle elle puisse se combiner. »


Plus tard, Leonardo da Vinci (1452-1519) améliora encore la préparation en cuisant les mélanges d'huileux à basse température (eau bouillante) après l'addition de 5 à 10% de cire d'abeille, empêchant ainsi d’obtenir une couleur trop foncée. Bien que Giorgione (1477-1510), Titien (1488-1576) et Tintoret (1518-1594) aient légèrement modifié la recette originale, cette technique a été gardée secrète par les ateliers italiens pendant près de trois siècles, ce qui justifierait leur suprématie et leur rayonnement dans toute l'Europe .

A partir de 1600 et au cours de ses 9 ans de séjour en Italie, Rubens étudia les matériaux italiens et fit ses propres améliorations. Il a été rapporté par De Mayerne (Pictoria, Sculptoria et quae subalternarum Artium, Londres, 1620) que Rubens utilisait de l'huile de noix chauffée avec de l'oxyde de plomb et du mastic dissout dans de l'essence de térébenthine pour broyer les pigments minéraux.

Comme l'a dit Maroger (The secret formules and techniques of the masters, Edition London and New York, 1948), "La peinture a reçu une impulsion forte et rapide qui a finalement conduit à la grande peinture de la Renaissance. Mais la technique ne suffit pas à elle seule à créer un art quasi parfait, et de nombreuses améliorations sont encore à achever. Chaque nouvelle génération apportera sa pierre à l'édifice. "

Une huile sèche est capable de sécher ou de polymériser en un état semi fluide si elle contient suffisamment d'acides gras insaturés, de préférence bi ou tri insaturés. La participation des acides mono-insaturés (acide oléique) n'est pas bien connue, mais est assez limitée. Seuls les acides linoléique (18:2 n-6), linolénique (18:3 n-3), pinolenique (5,9,12-18:3), eleostearique (9c, 11t, 13), ricinoléique (12-hydroxy acide oléique) et  -18:3) sont les constituants de séchage des huiles. Un examen de l'application des huiles végétales dans les peintures a été publié par Derksen J et al. (Ind Crops Prod 1995, 3, 225).
Depuis plusieurs années, une variété de végétaux et d'huiles non comestibles sont utilisés dans l'industrie de la peinture pour leur pouvoir de séchage rapide, parfois plus rapidement encore que l'huile de lin. Parmi eux, l'huile de tung, d’oiticica, de perilla, de graines de pavot, de soja, de tournesol, l’huile de ricin déshydratée, ainsi que de nombreuses huiles de poisson sont utilisées pour faire les mélanges siccatifs (Lavers B, des matières grasses Int 2003, 19, 19 ). Le quotient iodé (nombre de grammes d'iode absorbée par 100 g d'huile) est souvent utilisé pour classer les huiles séchantes. Ainsi, sont considérées comme séchantes, celles dont le quotient iodé est supérieur à 130, comme semi-séchantes si il est compris entre 115 et 130, et non séchante si il est inférieur à 115.

 

Les huiles séchantes (principalement l'huile de lin), chauffées à environ 300 ° C dans des conditions qui excluent l'oxygène, donnent des produits conçus comme des bases. Ils deviennent polymérisé (la structure moléculaire est changée alors que la composition persiste). Elles ont un plus faible quotient iodé (basse insaturation) que les huiles pressées à froid, elles sèchent lentement, elles jaunissent moins que les huiles naturelles, et forment un film très résistant. Elles donnent à la peinture comme un émail et une finesse tendant à la fusion des teintes. Elles sont utilisées comme ingrédient dans le diluant, ou la couche de fond.

Plusieurs nouvelles huiles ont été étudiées pour améliorer la performance de la peinture et des revêtements. Ainsi, les huiles de Lesquerella, Euphorbia lagascae, Vernonia galamensis et Calendula officinalis sont utilisées pour accroître la résistance ou diminuer le temps de séchage.

Le processus de séchage se traduit par une polymérisation à l'absorption d'oxygène. Ce mécanisme complexe comprend essentiellement l'oxydation des acides gras insaturés conduisant à la formation de groupes aldéhydes, ensuite transformé en un des groupes carboxyliques. Ainsi, les acides dicarboxyliques sont progressivement formés avec le vieillissement du mélange, les acides pimélique, suberique, azélaïque, et sébacique sont principalement retrouvés dans les vieilles peintures (Surowiec I et al., J Chromatogr A 2004, 1024, 245).

Les peintres européens ont principalement utilisé les huiles de graines de lin, de noix, et de graines de pavot. Des huiles d’arachides et de chanvre ont également été mentionnées dans la littérature ancienne. »

 

Voila, j’espère que je n’ai pas trop dénaturé l’article original. Moi, ce qui m’étonne plutôt, c’est en fait le peu de variétés d’huiles et surtout d’huiles essentielles (dont la fabrication est quand même connue de plusieurs civilisations depuis des millénaires) qui ont été essayées par les peintres, ou alors on n’en sait pas grand-chose, sinon rien. Je pense surtout aux huiles de résineux mais peut-être d’autres ont aussi de très bonnes qualités, à la fois siccatives, liantes, et de luminosité, de transparence. Si un peintre, ou un connaisseur, lit cet article, peut-être peut-il m’apporter quelques lumières sur le sujet ?

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F
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